#Qu’est-ce que le gluten ?
- C'est un constituant des farines
de céréales panifiables comme le blé, l’avoine, l’orge et le seigle. Mais
toutes les céréales en contiennent plus ou moins. Quand on parle de
l’intolérance au gluten, il s’agit d'une hypersensibilité de votre organisme à
certaines protéines céréalières le plus souvent mutées et cuites comme le pain,
les pâtes, les gâteaux etc.
- Grâce à leurs structures spiralées et élastiques,
ces protéines apportent aux produits de boulangerie du moelleux et une
excellente cuisson. C’est
pour cela que la teneur en gluten des variétés céréalières est en perpétuelle
augmentation depuis des décennies !
Le gluten est divisé en deux groupes
protéiniques : les prolamines et les gluténines. Les protéines de la famille
des prolamines constituent la fraction toxique chez les intolérants au
gluten et principalement l'alpha gliadine qui est présente dans
le blé (froment).
- D'autres protéines voisines de la gliadine sont tout aussi
néfastes : la sécaline contenue
dans le seigle, l'hordéine contenue
dans l'orge et dans une moindre mesure l'avénine
dans l'avoine. Une quantité journalière de 60g d'avoine est en général bien
tolérée par les patients.
Céréales
|
Prolamines
|
Taux
(%)
|
Avoine
|
Avénine
|
16
|
Blé
(froment)
|
Alpha
gliadine
|
69
|
Maïs
|
Zéine
|
55
|
Millet
|
Panicine
|
40
|
Orge
|
Hordéine
|
46-52
|
Riz
|
Orzénine
|
5
|
Seigle
|
Sécaline
|
30-50
|
Taux des
prolamines dans les céréales
#Est-on prédisposé à ce type d’intolérance
au gluten ?
- Dans la maladie coeliaque, il y a
des facteurs génétiques prédisposants et tout un faisceau de facteurs
déclenchants tant au niveau de notre alimentation (aliments industriels), des
habitudes alimentaires, du stress, de certains médicaments, de l’intoxication
aux métaux lourds (amalgames dentaires) que de l'environnement dans lequel nous
vivons (pollutions). Au niveau du cercle familial, la probabilité de
transmettre la maladie coeliaque à la génération suivante est estimée par les
scientifiques à un sur dix.
- Mais comme cette maladie est difficile à
diagnostiquer, ces chiffres sont certainement bien en dessous de la
réalité ! Son dépistage est recommandé
chez des patients ayant des antécédents familiaux
de maladie coeliaque ou atteints de diabète de type
1, d'une maladie
thyroïdienne auto-immune.
#Quelle est la différence entre l’allergie
et l’intolérance alimentaire ?
- L’allergie alimentaire survient lorsque votre
organisme réagit à une protéine d’un aliment, d’une substance
habituellement inoffensive en activant à tort le mécanisme immunitaire.
Cette protéine, qui ne cause habituellement aucun effet secondaire chez
d’autres personnes, devient un allergène qui déclenche rapidement des
réactions en chaîne libérant des anticorps qui, à leur tour, libèrent
d’autres molécules provoquant divers symptômes plus ou moins
gênants : éternuement, démangeaisons, troubles digestifs, oedèmes…. On
constate donc que dans l’allergie, il y a une réaction de rejet de
l’organisme à l’ingestion d’un aliment particulier qui se produit dans un
laps de temps assez court.
- L’intolérance
alimentaire s’installe sans que vous en ressentiez toujours des effets
immédiats car elle est liée à la digestion incomplète des protéines de
certains aliments. Votre organisme peut être sensibilisé dès la
naissance au lait ou au gluten et ce n’est que bien plus tard que des
troubles de santé vous alerteront. Par exemple, c’est une carence
enzymatique en lactase qui induit l'intolérance au lactose, c'est-à-dire
la difficulté que rencontre le métabolisme à digérer le sucre du lait.
Vous pouvez boire du lait durant votre enfance sans ressentir de troubles
majeurs et puis, peu à peu, des migraines, des crises d’eczéma, des maux
de ventre apparaissent. De plus,
les symptômes d’une intolérance alimentaire varient d’une personne à une
autre et peuvent être confondus avec une allergie classique.
#Peut-on être sensible au gluten sans avoir
pour autant une maladie coeliaque ?
- Il faut savoir qu’une maladie
coeliaque peut être diagnostiquée très tôt durant l'enfance : entre six mois et deux ans
avec l'introduction du gluten dans l'alimentation. A
l'âge adulte, la maladie coeliaque apparait le plus souvent entre 20
et 40 ans. C'est une maladie immunitaire très souvent
associée à un terrain génétique spécifique
car la plupart des patients atteints exprime le
gène HLA DQ2 ou DQ8. L'ingestion du gluten déclenche
une réaction immunitaire provoquant des lésions
de la muqueuse entérique.
- Le diagnostic est
établi lorsqu’il y a présence dans le sang d’anticorps spécifiques et confirmé par une biopsie
intestinale. La détection par analyse sérologique des anticorps antitransglutaminase tissulaire
(antiTGT)
donne actuellement les meilleurs résultats. Toutefois,
ce test reste négatif chez certains patients qui
ont une carence en anticorps à IgA dont font partie
les antiTGT. Une endoscopie par voie haute avec
biopsie duodénale reste alors le seul moyen
fiable de la dépister.
-
- muqueuse
intestinale normale
- Beaucoup de personnes se disent sensibles au gluten et
suppriment de leur alimentation le pain, les céréales, etc. Elles ressentent
alors un mieux-être surtout au niveau digestif. Cela s’explique par le fait
qu’une alimentation peu variée, répétitive, crée non seulement un phénomène de
dépendance alimentaire mais stresse peu à peu votre organisme, affaiblissant le
système immunitaire et provoquant des réactions anarchiques à l’encontre des
aliments incriminés.
- Il est donc nécessaire de se désintoxiner notamment en nettoyant
le côlon (hydrothérapie, lavement à la camomille),
en faisant des cures de jus de fruit frais centrifugés
et des
monodiètes, On consultera son médecin traitant ou
son spécialiste pour rechercher avec lui parmi les
autres causes possibles : une candidose, une parasitose,
une maladie de Crohn, une diverticulite, des polypes,
un syndrome du côlon irritable, des troubles hépatiques
ou pancréatiques.
-
- atrophie
des villosités intestinales
- Si vous mangez beaucoup de pain, beaucoup de céréales,
votre organisme un jour dira « stop » ; en prendre conscience et
modifier ses habitudes alimentaires est en soi une bonne chose. On peut vivre très longtemps avec une
intolérance ou une sensibilité au gluten sans vraiment s’en rendre compte.
Souvent depuis l’enfance, on a subi une foultitude de maux chroniques qui se
sont banalisés au fil du temps : frilosité, nez qui coule, fatigue, maux
de ventre, épisodes dépressifs, douleurs musculaires… Votre médecin traitant vous a tenu des propos rassurants jusqu’au
jour où ces symptômes sont devenus plus persistants.
#Migraines, acouphènes
sont-ils les signes d'une sensibilité au gluten?
- Tout
à fait. La migraine est un symptôme assez courant
dans les allergies ou les intolérances alimentaires.
Cela vous rappelle certainement le syndrôme du restaurant
chinois provoqué par l'excès de glutamate. On y
pense moins mais les acouphènes font également partie
des signaux d'alerte quand on mange un aliment qui
ne vous convient pas.
- De manière générale, les
personnes souffrant d'acouphènes
ont tout intérêt à éliminer le gluten car des études
scientifiques ont démontré que la maladie coeliaque
entraînaient des lésions neurologiques. Or, les
acouphènes, qui n'ont pas été provoqués par un choc
d'origine sonore, ont pour origine probable des
lésions au niveau du cortex auditif. Une alimentation
exempte de gluten, en "nourrissant" convenablement
votre cerveau, contribue ainsi à ne pas le fragiliser
davantage (consultez www.stop-acouphenes.fr).
#Peut-on traiter une
colopathie fonctionnelle par un régime sans gluten ?
- Il
est certain que la suppression du pain et des aliments
contenant du gluten, mais aussi de tous les produits laitiers
à base de lait de vache ou de soja,
ont une action positive sur les manifestations chroniques
des colopathies fonctionnelles.
- Le bien-être digestif
obtenu par le régime sans gluten
permet de prendre conscience de la nécessité de se nourrir
autrement. On
constate que les efforts diététiques consentis
sont payants et qu'ils améliorent la qualité
de vie au quotidien : moins de douleurs au ventre, de
troubles du transit, de nausées, de troubles de l'humeur.
- L'ordonnance
du médecin se résume souvent à des pansements intestinaux,
des antidiarrhéiques, voire des anxyolitiques. Quand
la médecine allopathique n'a pas de réponse et qu'elle
se sent en échec, elle dit que "c'est dans la tête"!
Il y
a pourtant des remèdes simples pour remettre "la
machine en marche".
- L'élixir du suédois, pris le
matin à jeun dans un peu d'eau, a une action dépurative
et supprime les nausées.
- Les ampoules d'eau de
mer rétablissent l'équilibre
cellulaire.
- Les prébiotiques et les probiotiques
reconstituent la flore intestinale et facilitent l'assimilation
des aliments.
- Les compléments
alimentaires à base de curcuma assainissent les intestins
(vermifuge), et combattent les inflammations du côlon.
- L'argile
verte calme les maux
de ventre (une cuillère à café dans un verre d'eau,
ne boire que le "lait argileux" en suspension).
- La
chlorophylle
combat les fermentations intestinales.
- Le pollen frais
de ciste régule le transit et agit comme tonique général
et reminéralisant.
- Le
charbon végétal et les
infusions (menthe, thym) éliminent les ballonnements.
- Il s'agit de "petits
plus" qui, additionnés, rendent le côlon et l'humeur
moins irritables! Pourquoi faut-il alors que certains
médecins s'insurgent, alors qu'ils n'ont pas d'alternative
à proposer?
- Toutefois,
ces
remèdes naturels ne remplacent en aucun cas l'avis d'un praticien
spécialisé qui vous demandera probablement de passer
des examens complémentaires. Dans le cas d'une colopathie fonctionnelle,
on préfèrera le scanner abdominal 3D à la coloscopie
qui donne, en quelques minutes et sans contrainte, une
imagerie d'excellente qualité. Enfin, l'examen complet
des selles et de la digestion, comprenant le test de
dépistage du cancer du côlon Hemocult, analysera précisément
votre métabolisme afin de mettre en place un protocole
thérapeutique adapté à votre pathologie.
#Combien de temps
pour obtenir une amélioration, quel suivi à
long terme?
- En cas de maladie coeliaque, le dosage des
anticorps redevient normal entre trois et douze
mois. La stricte observance
du régime doit être maintenue en permanence.
Un bilan d'absorption permettra au praticien
de détecter et de traiter les carences nutritionnelles
: fer, acide folique, B12, albumine, calcium,
phosphore, vitamine D... Une ostéodensitométrie
un an après le début du régime est recommandée.
-
Comme on le voit, les
symptômes de ce syndrome de malabsorption sont
nombreux et les effets dévastateurs sur tous
les plans : diarrhée, stéatorrhée
(selles grasses), flatulences, amaigrissement,
faiblesse musculaire, problèmes articulaires
et osseux (ostéopénie), hypocalcémie (troubles
neurologiques, spasmophilie), fatigue chronique,
anémie ferriprive, infertilité, hypotension
orthostatique, saignements (déficit en vitamine
K), dermatite. De plus, les intolérants au gluten
sont des sujets à risque pour les lymphomes
et les adénocarcinomes du tube digestif. Il
ne faut donc pas attendre que la vie devienne
un enfer pour consulter et réagir.
- Grâce au régime, les troubles liés à une
légère sensibilité au gluten s'estompent au
bout de quelques semaines. Il vaut mieux continuer
à éviter le blé et ses dérivés mais certains
praticiens conseillent de réintroduire le gluten
en petite quantité dans l'alimentation ou en
dose homéopathique. Etre à l'écoute
de son corps, savoir détecter l'aliment qui
ne vous convient pas dès que vous l'avez absorbé
est le meilleur moyen d'éviter de nouveaux épisodes
d'allergies alimentaires.
#Le gluten est-il également en cause
dans certaines maladies de la peau ?
- Il est courant d’avoir des démangeaisons, des
rougeurs quand on a une allergie ou une intolérance alimentaire ou non
alimentaire. Lorsqu'on est sensible au gluten, ces manifestations cutanées
apparaissent avant une crise intestinale, annoncent une migraine, une
grande fatigue. C'est le bien connu « cri du corps » souvent
relié à un état permanent de stress et à une intoxination chronique de
l'organisme : les intestins fonctionnent mal, la digestion est
médiocre, foie et vésicule biliaire accumulent les toxines.
- Dans la
dermatite herpétiforme, le gluten joue un rôle déterminant. C’est une
affection cutanée qui se manifeste par des démangeaisons et des sensations
de brûlure. Si la science n’a pas encore découvert les causes exactes de
cette maladie, on sait que des facteurs génétiques et immunitaires viennent
s’ajouter à l’intolérance au gluten.
La dermatite herpétiforme se
manifeste par des lésions rouges surmontées d’une petite vésicule. Huit à
douze heures avant l'apparition de ces lésions, c’est une sensation de
brûlure qui annonce bien souvent la crise. Celle-ci survient souvent après
l’ingestion d'aliments riches en gluten ou après une forte contrariété.
- La
biopsie de l’intestin grêle confirme que les villosités intestinales sont
endommagées mais l'altération de la muqueuse est moins importante
que dans la maladie coeliaque. Néanmoins, dans les cas sévères, les
malades ont des symptômes équivalents à ceux de l'entéropathie au gluten.
- Parmi
les autres incidences associées à cette pathologie, on peut constater
certaines formes d’anémie (carence en vitamine B12), des troubles de la
thyroïde, voire des lymphomes intestinaux. L’allopathie traite les lésions
cutanées et les sensations de brûlure par des sulfones qui donnent
rapidement de bons résultats.
#Quelle est la part psychologique dans la
sensibilité
au gluten ?
- La
sensibilité au gluten se déclare souvent après un
stress important, une déception, une épreuve, un événement « qu’on n'a pas
digéré », une colère qui n’arrive pas à s’exprimer. Bien souvent, on
retrouve dans la famille du malade coeliaque un « souffrant de
l’intestin », un déficit d’affection, des rapports conflictuels.
En fait, l'intolérance ne se limite pas au
gluten mais bien à toute la vie sociale. Le risque est grand de se replier
sur soi-même, de ne plus sortir quand la maladie coeliaque se manifeste par
des troubles intestinaux à répétition, des douleurs musculaires, des migraines,
une intense fatigue qui rendent le relationnel difficile.
- Nos intestins étant
considérés à juste titre comme notre deuxième cerveau, les épisodes de crises
gastro-intestinales successives entraînent un tel nettoyage côlonique que
l’humeur s’altère, que la socialisation devient problématique. A cela s’ajoute
parfois une tendance à la boulimie : surmonter sa fatigue chronique par
des grignotages « consolateurs » ne font qu’aggraver la situation.
- L’intolérant au gluten a souvent des envies
d’aliments sucrés, de préférence ceux qui lui sont à présent interdits. Il
souffre en fait du même état de dépendance à la nourriture qu’un drogué et
c’est ce besoin compulsif des mêmes aliments qui a aggravé dans bien des cas sa
maladie coeliaque ou sa sensibilité au gluten.
- Le sevrage de toute
alimentation à base de gluten demande donc une sérieuse remise en question
personnelle, la mise en place de thérapies complémentaires et le soutien de
l'entourage.
- Philippe Barraqué
- Thérapeute,
expert santé, auteur de l'ouvrage "Et si
c'était le gluten"
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